Je ne regarde pas les montagnes.
Dans la vie il y a des hauts et des bas, quand on est dans les bas, on ne se souviens plus des hauts.
Personnellement mes bas, sont des dénivelés d'anxiété, une crainte de l'avenir mal caché et une anticipation du pire exagéré. Parfois face à l'incertitude et aux situations compliquées j'en arrive à perdre toute confiance en Dieu en ce qui concerne l'avenir. Je ne vois que les montagnes d'obstacles. Tout est une succession de problèmes insolubles aussi épais et visqueux que du sirop d'érable.
Quand je suis dans ce genre de gouffre, j'ai même du mal à prier parce que non là tout de suite je n'ai pas la foi. Les circonstances et les faits s'accumulent devant mes yeux en faisant mine d'être des preuves irréfutables. Je n'arrive plus alors à avancer car cette montagne me fait peur. Elle me pétrifie et les journées deviennent accablantes. Au réveil je pense déjà à l'heure du coucher.
Chaque moment de solitude est un moment où je regarde avec attention cette montagne. Je contemple ses hauteurs, je mesure la distance que je suppose insurmontable entre moi et son sommet. Je confronte le fait que la contourner n'est pas une option et qu'il va falloir la traverser et là mes forces m'abandonnent.
On a tous des montagnes dans nos vies, des choses qui nous paraissent insurmontables, des circonstances face auxquelles nos jambes et notre foi chancellent. Bien souvent je forçais le courage, je feignais même la foi, avançant pseudo courageusement, ayant reçu un shot d'encouragement quelque part et je faisais mine d'avancer. Cependant, dans mes rêves éveillés et mes nuits sans sommeil la montagne était toujours présente. Elle me terrorisait toujours.
Alors j'ai décidé d'adopter une nouvelle approche face aux montagnes. Je vais toujours devoir les affronter, mais j'ai décidé de les gravir un pas à la fois. J'ai opté pour une randonnée les yeux rivés sur mes baskets, avec un rayon de quelques mètres pour m'assurer qu'en avançant je ne me torde pas la cheville mais je ne vais plus regarder au sommet. Les sommets des objectifs sont motivants, ceux des obstacles sont effrayants.
Regarder à ses baskets c'est finalement revenir au présent et s'efforcer de ne pas trop visualiser le futur. C'est croire Dieu aujourd'hui car on ne se sent pas la force de croire pour demain. C'est se focaliser tant bien que mal sur le présent, c'est prendre la Parole de Dieu, comme cette lampe à mes pieds. C'est accepter que je ne connais pas vraiment le chemin que Dieu me fera prendre mais qu'à un certain moment IL sera cette lumière qui éclairera le tout. En attendant de voir clairement le sentier, je m'accroche à ces choses que je sais que je dois faire, à ce qui me semble être la volonté de Dieu pour moi à cet instant précis. C'est verrouiller mon attention sur ce que je peux faire, sur ce petit pas qui n'a rien d'insurmontable.
Je pense qu'à force de petites actions surmontables, on peut finalement surmonter ce qui nous semblait insurmontable. Alors oui je ne regarde plus la montagne, je contemple le paysage du niveau où je suis et j'essaye d'apprécier la montée. Cela tirera surement dans mes cuisses et mes mollets au fil de la pente mais pour l'instant je vais désespérément compter sur Dieu pour avancer un petit pas après l'autre. Quand j'en aurais besoin je prendrais le temps de respirer, de reprendre mon souffle pour continuer mon ascension les yeux rivés sur mes pieds.
"Ta parole est une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier" Psaume 119:105
Bien à toi et vive nos pieds qui peuvent faire de beaux petits pas même dans la plus visqueuse des gadoues 😊